L’IA s’intègre dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne, mais en agriculture, quelle est son application concrète ? Pour démontrer de l’utilité de l’IA en agriculture, nous avons interviewé Martin Ullmann, fondateur et CEO de Ullmanna, startup accélérée dans la saison 4 de l’accélérateur Hectar. Ullmanna est une solution basée sur l’IA qui permet de désherber les champs sans utiliser de pesticides et sans endommager les cultures.
Pouvez-vous présenter Ullmanna ?
Ullmanna est une technologie robotique permettant aux agriculteurs de cultiver leurs terres plus facilement et dans le respect de l'environnement. L'objectif de notre solution est d'éliminer les mauvaises herbes sans utiliser de produits chimiques à l'aide de boîtiers qui sont montés derrière les tracteurs. Ces boîtiers sont équipés de caméras et de logiciels qui, grâce à l'intelligence artificielle, reconnaissent les cultures et guident ensuite les lames pour éliminer les mauvaises herbes sans endommager les plantes cultivées.
Comment avez-vous utilisé l'IA pour créer votre solution ?
Nous avons recueilli des données sur le terrain, puis nous avons entraîné notre IA à reconnaître les plantes. Comme nous avons de plus en plus de machines dans les champs, chaque agriculteur qui utilise notre technologie contribue à améliorer le modèle, car plus nous recueillons de données diverses, plus l'IA reconnaît de plantes. Nous pensions que le désherbage ne pouvait être effectué que par des produits chimiques ou des humains parce que nous pouvons reconnaître les cultures, mais avec l'IA, nous pouvons le faire à plus grande échelle, très rapidement, très précisément et sans pesticides.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Lorsque nous nous trouvons dans un champ avec une culture totalement nouvelle que l'IA ne connaît pas, nous commençons par collecter des données sur ce champ : au cours de la première heure, nous prenons environ 1 000 photos. Ensuite, nous procédons à une annotation manuelle en indiquant à l'IA quelle plante est la culture et quelle plante ne l'est pas. Après cela, l'IA commence à fonctionner, dans 90 % des cas. Plus on corrige l'IA, plus elle est efficace. Bien entendu, elle est performante dans le champ qu’elle vient d’étudier, mais si vous passez à un autre champ avec des cultures différentes, vous devez collecter des données à nouveau et réapprendre à l'IA à travailler. Vous pouvez obtenir des résultats très rapides, mais pour disposer d'un modèle solide, vous devez collecter en permanence différents types d'images, par exemple de cultures petites, grandes, endommagées ou mortes, afin que l'IA sache exactement quand elle doit enlever la plante ou non. Si vous collectez tous les cas peu courants, l'IA améliorera notre modèle. Nous pouvons obtenir des résultats rapides, mais pour qu'ils soient utilisables par tous, il faut au moins la faire travailler une saison et qu’elle récolte 10 000 images.
Comment pensez-vous que l'IA peut aider le secteur agricole et quels sont les avantages et les inconvénients de son utilisation ?
Notre cas est très facile à comprendre, car nous épargnons aux agriculteurs un travail manuel difficile et fastidieux, puisqu'il sera effectué par le tracteur. C'est beaucoup plus rapide et moins cher, et cela évite la phase de recrutement qui peut être extrêmement difficile dans le secteur agricole. Il est alors possible d'étendre les pratiques de l'agriculture biologique et de produire davantage sans produits chimiques. Nous voulons aider les agriculteurs à produire à plus grande échelle sans produits chimiques grâce à cette technologie et à automatiser des choses qui n'étaient pas possibles dans le passé.
Pour ce qui est des inconvénients, le prix est encore élevé, c'est pourquoi notre premier marché est l'agriculture biologique, qui est un marché haut de gamme, mais nous espérons que le coût de la technologie baissera et qu'elle sera plus accessible.
L'augmentation de la technologie dans la vie quotidienne des agriculteurs peut également constituer un inconvénient. D'un côté, il y a plus de logiciels, plus de caméras, plus de matériel, mais d'un autre côté, nos outils sont très faciles à utiliser et il y a très peu d’étapes d’installations.
Quels sont vos projets pour l'avenir ?
Nous avons levé des fonds en 2023 et aujourd'hui nous avons des clients en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie et aux États-Unis (Arizona).
En 2024, nous visons 1M€ de chiffre d'affaires. Nos clients sont des fabricants de tracteurs et des revendeurs. Notre objectif principal est de vendre notre technologie aux fabricants, parce qu'ils peuvent s'adapter à l'échelle mondiale.
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