Les fleurs sont un puissant allié de la biodiversité mais aussi de l’agriculteur qui peut les utiliser pour se diversifier et rendre ainsi son modèle économique plus solide. En 2022, Marie-Laure Wavelet a participé au programme Tremplin pour construire son projet de ferme florale à Marseille. Un projet qu’elle a mené à bien puisqu’elle cultive et distribue aujourd’hui ses fleurs à l’échelle locale.
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Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Marie-Laure, j’ai 43 ans et il y a 2 ans, j’ai fait une reconversion professionnelle : j’ai quitté mon travail en marketing dans le secteur du tourisme en septembre 2021 pour cultiver des fleurs. Aujourd’hui je suis productrice grâce à des opportunités qui se sont présentées et qui m’ont permis d’allier savoir-faire technique et entrepreneurial : j’ai travaillé dans des fermes maraîchères et floricoles jusqu’en 2022, participé à des programmes comme chez Hectar ou dans l’incubateur ESS porté par la Cité de l’agriculture et fait des formations en permaculture et syntropie. J’ai postulé à la session n°2 du programme Tremplin chez Hectar pour travailler ma posture entrepreneuriale en attendant de faire une formation technique qui me permettrai d’acquérir les compétences métier.
Je suis arrivée chez Hectar avec un projet de production de fleurs, et suite au programme Tremplin, j'avais une projection avec une ferme florale sur 1500m2, un nombre défini de tiges par an, à quel prix, les canaux de distribution…. C’est devenu un vrai projet d’entreprise agricole et Hectar m‘a confortée dans ma vocation, je n’ai jamais regretté !
Aujourd’hui, je produis mes fleurs et je les vends aux fleuristes à Marseille et aux alentours, notamment ceux engagés dans le Collectif de la Fleur Française. Je travaille également avec des fleuristes événementiels, ce qui me permet de faire du volume et des ventes récurrentes. Je fais aussi les marchés et des bouquets à la commande ou des couronnes fleuries. C’est un savoir-faire qui me permet de développer des ateliers floraux en parallèle de mon activité de productrice.
Comment as-tu développé ton entreprise ?
Le choix de Marseille s’est fait naturellement, car c’est une grande ville qui offre un important réseau de boutiques et d’événements. Néanmoins, la ville est proche du bassin horticole hyérois, qui permet aux fleuristes d’accéder à quelques variétés de fleurs locales et de saison. Quand j’ai fait mon étude de marché, j’ai demandé aux fleuristes de Marseille ce qu’ils pensaient des fleurs auxquelles ils avaient accès et quelles espèces ils aimeraient distribuer. N’étant pas à Paris, peu d’espèces de fleurs leur sont proposées !
Ma valeur ajoutée, c’est offrir de la diversité aux fleuristes : je ne fais pas de renoncules, d’anémones, d'hélianthus ou de pivoines car ce sont des variétés déjà produites dans le Var. J’ai choisi de proposer autre chose pour me démarquer : des fleurs adaptées au climat méditerranéen mais aussi des plantes comme le basilic, la sauge ou l’origan qui s’intègrent très bien dans des bouquets ! Je ne fais que du plein champ, donc il faut des plantes qui peuvent s'adapter au climat marseillais.
Est-ce que tu t’es lancée dans la production de fleurs également par conviction environnementale ?
Lors du confinement j’ai beaucoup observé la nature, et c’est à ce moment que j’ai commencé à m’intéresser par hasard à notre consommation de fleurs. J’ai alors découvert le Collectif de la Fleur Française, le slow flower… On offre des fleurs pour faire plaisir, féliciter ou réconforter, c’est difficile d’imaginer que ce cadeau si beau cristallise autant d’enjeux environnementaux et de santé. À Marseille, il y a plus de 100 boutiques de fleuristes dont moins d'une dizaine d'adhérents au Collectif de la Fleur Française ! La fleur est un produit très peu tracé, les consommateurs ne choisissent pas ils subissent. Je veux montrer qu’il existe une autre manière de fleurir et de se faire plaisir, tout en respectant la nature et en assurant la traçabilité du produit.
Être productrice me donne également la possibilité de sensibiliser le public que je reçois à la ferme. Je leur parle beaucoup des insectes, du sol et de la manière dont on le nourrit, des bénéfices des allées enherbées… Cela laisse la place à la biodiversité de s’installer sur l'exploitation, et il se crée un équilibre naturel dans lequel j’interviens très peu.
Par ailleurs, mon exploitation s’inscrit dans un tiers lieu marseillais, le Grain de la Vallée, situé dans une ancienne école, qui est en train de mener une recherche sur l’impact de mon activité agricole sur la biodiversité et les être vivants qu’il y avait naturellement sur site.
Comment Tremplin t’a aidé dans la réalisation de ton projet ?
Grâce à Tremplin j’ai découvert le secteur agricole. C’était très enrichissant, j’ai apprécié les échanges et toutes les personnes que j’ai pu rencontrer lors du programme. Une masterclass dont le thème était “Comment construire son business plan?” m’a particulièrement marquée, avec un volet sur la manière d’aller chercher des investissements. L’agriculteur qui intervenait était captivant, il su rendre simple et accessible l’idée que je pouvais faire la même chose que lui.
Tremplin m’a permis d’avoir un regard très humain sur le secteur agricole. Le programme est riche, diversifié, hyper motivant, c’est 5 semaines très denses ! Cela m'a vraiment aidé à passer de l’idée au projet. Par la suite cela m’a facilité l’accès aux chambres d’agriculture car j’avais déjà pu constituer mon dossier, donc cela m’a vraiment aidé à structurer mes pensées et à être crédible.
Comment vois-tu la suite de ton entreprise ?
Je suis actuellement en train de lancer une campagne participative afin de financer du matériel agricole. Cette année sera ma 2e année d’activité donc j’ai encore beaucoup de travail de production, préparer le sol, nettoyer, planter, mais le but à terme c’est de me concentrer sur la commercialisation auprès des fleuristes car j’aurai de plus gros volumes. Pour pouvoir me développer et davantage me faire connaître au niveau local, je vais intégrer à partir du mois de mai un marché de producteurs locaux pour que les consommateurs viennent ensuite acheter à la ferme. J’aimerais aussi faire plus d’ateliers ouverts aux particuliers, accueillir davantage de publics handicapés - cette année j'accueillais déjà un petit groupe tous les mardis.
L’autre axe que j’aimerais développer est la création de jardins et une pépinière pour créer des jardins qui fleurissent avec très peu d’entretien et qui soient ainsi respectueux de l’environnement. Il faut ramener la nature dans la ville ! Être productrice de fleurs sera toujours mon activité principale, mais j’ai aussi envie d’aller fleurir les jardins des autres.
Pour soutenir Marie-Laure, participez à sa campagne de financement sur Miimosa.
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