Kikleo, outil pour réduire le gaspillage alimentaire dans les restaurants collectifs, vient de terminer sa première levée de fonds suite à son accélération chez Hectar pour accélérer leur développement commercial et permettre à de nouveaux restaurants de faire des économies et de réduire leur impact. Nous avons rencontré Vincent Garcia, co-fondateur de Kikleo pour en savoir plus sur les enjeux du gaspillage.
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Qu’est-ce que Kikleo ?
Kikleo est un outil d’accompagnement, de gestion et d’aide à la décision pour réduire le gaspillage alimentaire dans les restaurants collectifs
De nombreux restaurants ont conscience des enjeux de gaspillage sans savoir comment les adresser car ils n’en connaissaient pas l’origine : est-ce les recettes qui ne sont pas adaptées, les quantités trop importantes, quels repas sont le plus susceptibles d’être gaspillés…
Notre première étape a donc été de comprendre les pertes et d’en tirer un diagnostic. Pour cela nous avons passé 1 mois à trier tous les restes de repas (fruits, légumes, viandes…) de plusieurs restaurants et faire des pesées manuelles. Ça nous prenait beaucoup de temps mais les restaurants étaient très contents de la data qu’ils tiraient de l’expérience, cela leur permettait de changer les recettes, de réadapter les portions servies et ainsi d’avoir une meilleure gestion du restaurant. Néanmoins, c’était impossible de continuer à fonctionner de cette manière dans la durée. Nous avons alors réfléchi à d’autres façons de fonctionner et avons pensé à l’intelligence artificielle.
Grâce à l’IA nous avons pu développer la solution qu’on utilise aujourd’hui : une petite caméra placée en cuisine à côté des poubelles ou bien en salle au niveau du convoyeur. Cette caméra va faire un travail d’analyse : elle prend en photo tout ce qui est jeté, elle reconnaît les aliments et en estime la quantité avec une technologie 3D. Les données récoltées sont agrégées sur un dashboard pour le chef de restaurant ou le directeur de l’établissement, ce qui lui permettra de voir ce qui est gaspillé chaque jour dans son restaurant. L’outil est précis et peut dire combien de kilos de chaque ingrédient ou préparation ont été jetés. Le restaurateur peut ainsi savoir ce que ce que le gaspillage représente en termes de pertes économiques et d’impact environnemental et mettre en place des actions pour le réduire. Les pistes sont nombreuses : retravailler les recettes, ajuster les quantités, travailler sur la communication et la sensibilisation des publics du restaurant… Chez Kikleo on a automatisé cette partie « analyse et recommandation » qui est prise en charge par la caméra et le logiciel installés dans le restaurant.
Cette solution a été commercialisée en septembre 2021 après 2 ans de R&D, cela fait donc 2 ans qu’on travaille avec différents établissements de restauration universitaire, scolaire, d’entreprises, d’hôpitaux, de ministères, de régions mais aussi d’acteurs comme Compass, Elior Sodexo… Les retours sont satisfaisants, leur ROI est d’environ x2, ils baissent de 20% leur consommation en réduisant le gaspillage alimentaire - l’outil permet de faire jusqu’à 10 000 euros d’économies par an, sachant que la solution coûte entre 5 000 et 6 000 euros. Ce sont des restaurants qui font entre 500 et 1000 couverts par jour, donc sur ces grands volumes, en réduisant de seulement quelques grammes le gaspillage alimentaire par personne, on évite de jeter et on réduit les pertes économiques de façon importante.
Nous avons aussi des objectifs d’impact : les établissements qui prennent notre solution le font en grande partie pour des raisons économiques, mais cela permet aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’utiliser moins de ressources… Cette année, on a sauvé 100 tonnes d’aliments de la poubelle, ce qui représente un peu plus de 200 000 repas sur 60 établissements.
Vous avez récemment fait une levée de fonds, à quoi servira-t-elle ?
Aujourd’hui nous travaillons avec une soixantaine de restaurants un peu partout en France et grâce à un fort développement nous allons atteindre à peu près le double d’ici fin 2023. Pour soutenir cette croissance, nous avons fait une levée de fonds d’1,5 millions d’euros. Nous avons une croissance organique car nous n’avons pas de commerciaux. Pour le recrutement de nouveaux clients, nous avons la chance d’être soutenus par l’aspect législatif de la loi Egalim qui demande à tous les restaurants collectifs de mesurer leur gaspillage alimentaire et de le réduire de 50% d’ici 2025. C’est ce qui nous a permis d’avoir cette belle croissance car aujourd’hui les chefs savent ce qu’ils commandent, savent ce qu’ils servent mais ils ne savent pas du tout ce qui se passe une fois le plat sorti de la cuisine, ou même ce qui est gaspillé au cours de la préparation du plat.
L’activité commerciale représente pour l’instant un demi temps plein pris sur le temps de Martin D’Agay, mon co-fondateur. Mais en tant que dirigeant, il doit aussi s’occuper de la partie administrative et financière. L’objectif aujourd’hui avec cette levée de fonds c’est de pouvoir structurer une équipe commerciale en recrutant 3 personnes pour accélérer notre développement en France mais aussi en Europe et aux USA.
En quoi Hectar vous a aidé dans cette levée de fonds ?
Hectar a été l’un des principaux acteurs de notre levée, ils nous ont mis en relation avec le fonds qui a investi chez nous. Sarah chez Hectar a fait un très bon travail de connexion, elle a mis en place un outil pour gérer les mises en relation et repérer les fonds qui étaient les plus pertinents pour nous. En termes de réseau, ça nous a énormément aidés. On était vraiment dans une période critique nous avions tous les fonds suiveurs mais pas le fonds lead. C’est grâce à ces mises en relation qu’on a pu rencontrer Avelana, qui est un fonds agri et food, et qui est notre principal actionnaire aujourd’hui.
Est-ce que vous avez des objectifs à 1 an, 3 ans, 5 ans ?
Aujourd’hui on est 15 dans l’équipe, donc on va tout d’abord s’assurer de pouvoir payer toutes ces personnes. L’équipe technique est bien structurée, notre produit fonctionne, mais nous avons aussi de nouveaux projets comme améliorer notre outil et y ajouter un écran pour communiquer directement au sein du restaurant et sensibiliser les personnes en cuisine. Nous avons aussi des demandes de restauration en chambre à l’hôpital car au-delà des problèmes du gaspillage qui est important chez eux, ils ont des enjeux de dénutrition de leurs patients. Ce sont différents projets techniques qui vont être gérés par l’équipe actuelle.
Notre objectif c’est d’arriver à 1000 établissements d’ici 2025, soit multiplier par 10 le nombre de restaurants avec qui on travaille, mais aussi d’atteindre les objectifs de 50% de réduction du gaspillage avec la majorité de nos clients puisque c’est un objectif de la loi Egalim.
