Jean-Claude Jouanillou, de l'évolution des compétences en agriculture

Qu’est-ce que Taste ?

Taste est un cabinet de conseil en recrutement innovant, indépendant et convivial positionné sur le marché des cadres experts. Aujourd’hui les filières avec lesquelles nous travaillons sont nombreuses : nos clients sont distributeurs de produits alimentaires, retailers ou acteurs de l’agroalimentaire et de l’agribusiness.

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Chez Taste, notre ADN c’est l’innovation : nous cherchons à comprendre qu’est-ce qui est innovant dans les métiers, dans l’évolution du monde du travail, et comment les organisations sont impactées par cette transformation. Nous observons ces enjeux au sein du French Talent Studio où nous interrogeons notre communauté RH sur la transformation du travail, les enjeux de leurs métiers et ses évolutions transforment la manière de susciter des vocations, de retenir des talents et de préparer des métiers qui n’existent pas encore.

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Selon vous, quelles sont les grandes évolutions du travail dans le secteur agricole ?

Je dirais que la technologie qui vient rencontrer un métier artisanal est une évolution : cela s’observe dans le luxe, mais cela peut tout à fait se transposer en agriculture, où la technologie vient aider l’agriculteur mais transforme également son métier. Nous ne cultivons plus comme hier, et tant mieux ! Dans le luxe, les métiers d'artisanat sont encore des métiers manuels : fabriquer un sac à main, des gants, c’est faire appel à la science (science des matériaux, de la chimie, etc…) mais aussi au savoir-faire manuel. Ces métiers se transforment parce qu’on robotise ou automatise certaines tâches.

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Comment évoluent aujourd’hui les compétences dans le secteur agricole ?

La formation dans le secteur agricole est très liée aux techniques agricoles, alors qu’elle devrait l’être tout autant à l’entrepreneuriat. Les agriculteurs doivent se demander comment ils veulent entreprendre et développer des compétences de gestionnaire d’activité. Léonard de Vinci disait : « le futur est dans la nature » ; nous y sommes ! La technologie ne vient que comme un soutien pour réduire des tâches chronophages afin que l'agriculteur puisse se consacrer à d’autres sujets. Aujourd’hui, le tracteur, qui est symbolique chez l’agriculteur, est devenu un objet connecté. Il y a encore beaucoup de choses à imaginer pour avoir une meilleure connaissance des sols, du climat sur son exploitation, de meilleures semences… L'agriculteur devient un chef de projet, qu’il gère simultanément - par exemple les grandes cultures et l’élevage. Les métiers agricoles paraissent simples mais ils sont en fait d’une grande complexité. Le secteur agricole aujourd’hui permet d’exprimer ce qu’on a au fond de soi-même, ses valeurs, ses aspirations, et en même temps d'étendre des compétences qui sont nombreuses entre production, distribution, commercialisation, marketing… Il devient alors attractif de par les possibilités de développement qu’il propose.  La science du vivant ne peut pas être simplement technique, elle doit se doubler d’une vision entrepreneuriale.

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Le métier d’agriculteur implique beaucoup de savoir-faire qu’on ne voit pas nécessairement depuis l’extérieur. La nouvelle génération d’entrepreneurs devra être au carrefour de plusieurs métiers et plusieurs compétences. C’est un challenge ! Bien sûr il est possible de s’associer et de se compléter, comme dans des structures type GAEC ou des fermes reprises à plusieurs, mais il faudra tout de même former différemment dans les parcours qui sont proposés pour rentrer dans le secteur agricole. Nous pouvons apprendre toute notre vie, nous en avons les moyens, en présentiel, en distanciel, les manières d’acquérir de nouvelles compétences sont multiples.

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S’imaginer dans un milieu rural simplement car on aime la nature, ce n’est pas suffisant ! Être agriculteur nécessite un courage entrepreneurial, se dire qu’on participe à un secteur économique majeur... Il y a un côté pionnier dans cette démarche qui n’existait pas il y a quelques années mais qu’on voit néanmoins de plus en plus avec des initiatives comme celle de Terre de Liens qui propose une aide financière mais aussi des programmes de formation, du coaching… L’agriculture est issue de la tradition orale, les nouveaux agriculteurs étaient formés par leur père, leur grand-père ou la personne qui leur vendait la ferme… Ce n’est plus possible de fonctionner comme cela, il faut des process. La façon d’apprendre et de transmettre est différente.

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Pensez-vous que des modules de formation continue vont pouvoir se pérenniser dans le secteur agricole ?

Oui, je pense que les initiatives qui sont portées aujourd’hui vont réussir car elles n’ont pas été créées dans le monde agricole. Les initiatives récentes de formation ne viennent pas de personnes issues du secteur agricole ou qui y ont exercé, elles s’affranchissent ainsi de ses codes, elles déplacent un modèle qui a déjà fait ses preuves dans d’autres secteurs pour l’amener à l’agriculture. Il n’y a pas de raison que les agriculteurs ne bénéficient pas de cette capacité d’apprendre, d’innover, de se transformer de manière flexible. Il faut un projet qui soit porté par tous les acteurs de l’écosystème : politiques, collectivités, associations, entreprises… Nous sommes en train de perdre notre agriculture, il faut réenchanter le secteur et montrer qu’il est possible de faire les choses différemment. L’image sociale de l’agriculture dans les médias peut être terrible, il faudrait montrer des modèles de réussite pour être attractif et susciter la désirabilité de cette formidable profession. Je fais le parallèle avec le secteur de l’industrie : la réindustrialisation ne fonctionne qu’avec les territoires, et chacun d’entre eux doit être porteur, et ainsi se réapproprier l’agriculture localement, avec ses spécificités, son climat, ses opportunités…

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On a beaucoup parlé d’entrepreneuriat, mais il y a aussi des difficultés dans le recrutement de salariés agricoles, est-ce que pour vous ce sont les mêmes enjeux de réenchantement du métier ?

Aujourd’hui, aucun métier n’est pas en pénurie, ce qui est assez paradoxal. Autrefois les métiers en tension étaient surtout dans le BTP, la construction, et quelques métiers sectoriels. Aujourd’hui, tous les métiers sont pénuriques, c’est-à-dire qu’ils manquent de sens. Suite à ce constat, les entreprises ont développé ce qu’on appelle la marque employeur et communiquent sur leur métier, sur leur marque. Les réseaux sociaux et notamment les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn sont un canal efficace pour générer de l’attractivité. Dans le secteur agricole, la mise en place d’une marque employeur est encore balbutiante. Au-delà de la communication, l’employeur peut se demander qu’est-ce qu’il a à offrir à ses salariés ? Du temps ? De la formation ? De l’accompagnement ? C’est vrai qu’il y a la problématique de la saisonnalité, très forte en agriculture, mais si on veut pérenniser un employé il y a différents leviers comme par exemple l’hébergement, qui représente 40% du budget des ménages en France et qui peut constituer un avantage fort dans l'attractivité de l’exploitation pour le recrutement de salariés agricoles. Au-delà du salaire, il faut savoir ce qu’on peut offrir comme avantage à ses salariés pour les nourrir et les faire grandir. Il y a une forme de solidarité dans le secteur agricole qu’il n’y a pas ailleurs et les bénéfices peuvent être autre chose que simplement le salaire : du temps, du partage, des productions...

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Je pense que les startups sont vitales pour transformer le travail dans le secteur agricole. Elles ont compris que le capital humain était aussi important voire plus que la technologie.

Une étude récente de McKinsey a montré que la performance économique conjuguée à un accompagnement humain est la clé des réussites futures. Les entreprises qui tiennent compte de ces 2 paramètres-là réussissent 2 à 3 fois plus vite que les autres. Plus il y a de l'humain, plus les compétences et les technologies peuvent s’utiliser de manière transversale. On le voit avec les personnes qui tentent d’innover dans un secteur qu’elles ne connaissent pas : la technologie n’est rien sans l’humain pour l’adapter à un contexte particulier. L’IA et la RSE vont transformer le monde agricole. Toute la chaîne de la valeur alimentaire en dépend.

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Depuis 20 ans, nous développons une approche unique faite d’échanges, de réseautage et de rencontres au sein de nos communautés de professionnels.

Nous accompagnons les organisations dans leurs transformations avec le développement du capital humain comme élément cœur et moteur de ces évolutions.

Nous croyons dans la force du collectif, le partage et la coopération pour faire émerger les solutions d’un futur du travail désirable et des organisations souhaitables. Le monde agricole est un laboratoire pour rapprocher la science, la technologie et l’avenir alimentaire durable. Hectar est exemplaire pour ouvrir des voies et susciter des vocations à impact.

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